Sous l’enduit de ciment d’une maison de la rue Saint-Salomon à Vannes, un décor peint style Louis XIII ! Une restauration dans l’état d’origine conduite par Olivier Curt, architecte des Bâtiments de France et l’entreprise Dano.
La maison attire le regard au 18 de la rue Saint-Salomon de Vannes, pour peu qu’on lève un peu le nez. Et pour cause, c’est la seule de l’intra-muros à présenter une façade reproduisant un décor de briques, dans le style de la Place des Vosges à Paris. Caprice ou snobisme des copropriétaires ? Que nenni. C’est tout simplement la restauration de la façade dans le dernier état connu, comme le demande la Charte de Venise signée par la France. Un petit retour en arrière s’impose pour y voir plus clair.
Lorsque l’entreprise Dano engage la restauration de la façade du petit immeuble qui abrite en rez-de-chaussée Le comptoir de famille, elle fait une surprenante découverte : sous l’enduit en ciment dit « à la tyrolienne » apparaît une peinture représentant un mur de briques rouges. Pas des briques mais bel et bien un décor peint, style Louis XIII, probablement réalisé au XVIIe siècle. « À l’époque, on a sans doute démonté la façade à encorbellement médiéval pour reconstruire une façade droite », explique Olivier Curt, architecte des bâtiments de France.
« Ce qui a été dessiné reproduit ce qu’on a trouvé »…
Un choix qui était alors guidé par un fait historique : ne craignant plus les invasions et autres attaques, les Vannetais n’éprouvaient plus le besoin de s’entasser à l’intérieur des remparts et repousser les murs devenait inutile… Un artisan de l’époque a alors sans doute voulu reproduire sur la façade le décor qu’il avait peut-être admiré à Paris ou à Lille. Bref, un effet de mode et une première à Vannes !
Des photos du décor originel, qui n’était pas sauvable, ont été prises pour pouvoir en reproduire l’exact rythme (des briques de 5 cm de haut et de 16 cm de long) : « Ce qui a été dessiné reproduit ce qu’on a trouvé », assure Olivier Curt. La restauration a également permis de remettre en valeur les pans de bois aujourd’hui apparents.
« C’était la surprise. On ne s’attendait pas à trouver ce décor. On n’avait jamais vu ça à Vannes », dit Julien Dano, gérant de l’entreprise éponyme installée rue de la briqueterie à Saint -Avé. Le chantier qui s’est déroulé de la fin février à juillet avec une interruption de deux semaines en raison du confinement n’a pas connu de difficultés techniques particulières : sur le torchis d’origine a été appliqué un enduit chaulé ocre sur lequel a été tracé le dessin de brique au pinceau à filet. En revanche, l’entreprise a dû se plier aux contraintes sanitaires : limiter le nombre de maçons spécialisés à deux ou trois au lieu de quatre en permanence.
* L’entreprise Dano, spécialisée dans le bâti ancien a restauré de nombreuses façades à pans de bois rive droite du port, rue des Halles, place du poids public. Elle emploie une dizaine de salariés et recrute des maçons et tailleurs de pierres. Il est possible de postuler directement sur le site internet de l’entreprise entreprisedano.com